samedi 20 avril 2013

Un après-midi aux urgences

Suite de nos aventures médicales...
L'orteil de Félix, méchant hématome sous l'ongle, nous a ouvert les portes de l'hôpital façon New York.

Résumé des épisodes précédents:
Lundi, Félix, bientôt 10 ans, a voulu déplacer une télé abandonnée sur le trottoir et se l'est fait tomber sur le pied. Ouille. 
Au bout de deux jours de soins maison, il est clair qu'il s'agit d'un gros bleu, que le pouce n'est pas cassé. Il a suffisamment récupéré pour retourner en classe. Mais la chaussure frotte, il a mal. 

Le voilà donc chez l'infirmière qui pousse des cris d'orfraie devant le doigt de pied. Il n'est pas si vilain que ça, mais c'est surtout qu'elle ne veut pas prendre le risque de garder un enfant blessé sans qu'il ait vu un médecin. Ici, les gens se protègent beaucoup de toute action juridique potentielle...

Le verdict tombe: ne reviens à l'école qu'avec un certificat médical ad hoc.

En soi, rien de problématique. Mais pour de petits Français sans assurance médicale, une visite chez le docteur + une radio = une fortune à débourser, sans remboursement bien entendu. (Le pédiatre, faut compter dans les 300$).

Je me précipite sur mon téléphone pour appeler un numéro donné par l'infirmière. Il s'agit d'un centre de soins qui nous orientera ensuite sur quelqu'un. Mais le centre est à une heure et demie de métro et on ne fera que nous y dire, en fonction de nos papiers, si on a droit à une visite gratuite. Un autre centre: idem.

Changement de plan: on se rend directement à l'hôpital le plus proche avec des urgences. Il s'agit de l'hôpital de Coney Island, à une heure et demie.

Et là, surprise. Dans un pays au système de santé peu alléchant, je m'attendais à un labyrinthe administrativo-médical et à une attente de dingue. Ce qui n'est pas faux, mais finalement moins qu'en France (d'après ce que j'en connais).

D'abord, toutes les personnes croisées dans les couloirs nous ont spontanément renseignés, demandant ce dont nous avions besoin, plaisantant ou rassurant Félix. Ensuite, on est tombé sur un homme portant le collier, très prévenant. Il nous accompagne jusqu'aux urgences, impose à une reluctante secrétaire médicale de nous prendre en charge rapidement. 
Une infirmière, deux, la tension, le rythme cardiaque, tout ça rapidos sur une petite machine dans le hall, à côté de la petite machine de la secrétaire, au milieu des allées et venues des malades.

Avant de s'éclipser, assuré que l'on s'occupera bien de nous, l'homme me tend sa carte. Il est porte-parole des malades, représentant des usagers. Il se balade dans les couloir, guettant les situations à problèmes, les anomalies, les injustices. Y'a qu'ici qu'on voit ça!


En chaise roulante pour se rendre à la radio.
 

L'hôpital, comme le reste de la société, appartient à une communauté. Coney Island, c'est russe. A l'hôpital, tous les membres du personnel parlent russe entre eux.

Félix a été assis sur une chaise, puis une chaise roulante près d'un box, au bout d'une rangée de boxes, où des soins sont prodigués presque en public, juste rideaux tirés, mais on entend les plaintes.
Deux lits sont réservés aux enfants, ils sont pris. 

Mélange d'efficacité et de souk, comme partout à New York.

Soins, radiographie, l'orteil n'est pas cassé. Certificat médical en poche, "ordonnance" et rendez-vous avec un pédiatre en poche, on est repartis au bout de deux heures et demie.
Pas pire, non?

Et vous savez quoi? Sans devoir payer. Les enfants habitant la ville ont tous droit d'être soignés, même sans assurance santé. C'est chic, ça.

mardi 16 avril 2013

Soudain, une femme vous offre des béquilles

Y'a un truc vraiment étonnant chez les Américains, et notamment ici à New York, c'est le surgissement soudain, régulier, de leur attention à l'autre, le service rendu - alors que tout se paye ici, l'importance de l'action solidaire.
Dingue, non, dans une ville réputée pour sa dureté quotidienne? "Pour vivre ici, il faut avoir la peau épaisse", répète tout bon New Yorkais.
Vécu aujourd'hui, dans la rue près de chez moi : Félix s'est blessé au pied et boîtait misérablement à mes côtés pour aller louer une paire de béquilles à la pharmacie. Devant notre attelage peu glorieux, une femme arrête sa poussette, nous interpelle au carrefour: "Vous avez besoin de béquilles?" Moi, un arrêt, un peu interloquée: "Ben, oui, on allait justement en chercher." "Je vous en apporte. Mon mari n'a plus besoin des siennes et je me demandais justement quoi en faire." 
Et hop, une paire de béquille gratos et une nouvelle connaissance dans le quartier.

Dimanche, à la mer, nous avons eu une démonstration éclatante d'une autre forme d'entr'aide: l'élan qui a mis tout le monde sur le pied de guerre pour soigner et reconstruire après l'ouragan Sandy.
Je rappelle que les inondations ont eu lieu fin octobre.
Eh bien mi-avril, dans les Rockaways, c'est-à-dire une des zones les plus touchées de New York, il n'y a presque plus de traces de la catastrophe.
Bon, les transports publics n'ont pas encore été entièrement restauré, il manque un bout du métro. Le voyage dure donc plus de deux heures, en métro, bus, métro, bus et re-métro. Mais cela ne saurait durer.
Et surtout, des maisons neuves ont poussé comme des champignons.
Plein de maisons et appartements à louer ou acheter.
Dans cette langue de terre autrefois assez glauque, carrément bout-du-monde, ponctuée d'HLM, de maisons de retraite et de centres de "rehab" où alcooliques et drogués viennent se soigner, le métro aérien, en rouille et béton, faisait comme une saignée venue de nulle part.
Et ça, à deux pas de la mer.
Aujourd'hui, un centre commercial flambant neuf - avec un "Subway" pour les sandwiches et un "Dunkin Donuts" pour les... donuts - a poussé au pied du métro, efficace cache-misère. L'avenue principale a l'air presque riante. On se croirait dans une station balnéaire, ce qui est le cas d'ailleurs. Juste qu'avant, ça ne se voyait pas.


Par endroit, la promenade n'a pas encore été reconstruite. Mais c'est en cours.


Tout n'est pas encore prêt pour la saison.




Une habitante du secteur, à qui je demandais ce qu'il y avait, avant, en face de nous, me répond: "Rien."
C'est là:


Derrière la palissade, le terrain vague d'avant la tempête est en train de se remplir de constructions.
Je félicite l'autochtone, qui réplique: "Nous sommes très solidaires, ici, aux Rockaways, alors on a pu se relever en se serrant les coudes."
Et ça, c'est vrai, attesté par tous les reportages et compte-rendus divers. Comme ça l'a été dans toutes les zones ravagées. Ici, à cause de l'indigence du service public, et de la difficulté de s'en sortir seul, la communauté prend une importance vitale.

Et aux Rockaways, jusque là oubliées, les promoteurs immobiliers ont finalement senti le vent du large arriver.

Autre exemple de mobilisation: New York qui exprime son soutien à Boston, meurtrie par l'attentat du marathon. 

dimanche 14 avril 2013

on a vu des Google Glass!



On est super contents. C'est la gloire, limite César du Cac 40. On a vu des Google Glass dans le métro, le Q qui nous menait à canal Street samedi soir, à 18h30.

Je sais, vous devez vous dire: pourquoi autant de précision? Pourquoi un tel emballement?

C'est que le moment est quasi historique: ces lunettes d'un nouveau genre ne courent pas les rues, même à New York.
Les gens qui en portent, comme ce passager anonyme, se sont portés volontaires et ont payé 1500 dollars pour les tester. Il n'existe que quelques centaines de testeurs, tous au Etats-Unis, donc vous ne risquez pas d'en voir au coin de votre rue en France. Nanèreheu.

Cela dit, ça ne m'apporte pas beaucoup plus que ça. Pour comprendre ce que ces lunettes de réalité augmentée, qui remplaceraient téléphone intelligent (smartphone), ipod, ipad, un peu tout quoi, un un clin d'oil, pour comprendre, disais-je, comment keçamarche, voici une petite vidéo promo tout droit issue de chez les Google, Inc:



La photo de Picasso

Elle est accrochée sur un mur de chez Gianna, restaurant italien du Queens (33, Vernon Boulevard, station du même nom sur la ligne L). A côté, le mime Marceau se cachant parmi des fûts, les sourcils de Calder, Enzo Ferrari, Jean Dubuffet.
Sur le mur opposé, un immense tirage de la peintre Georgia O'Keeffe, chignon serré et jupon de pionnière, devant une de ses toiles orange.


Picasso regarde droit dans l'œil de l'appareil photo, l'air grave, un rien inquiet. C'est une des rares fois où il ne se met pas en scène, où il ne cabotine. "Je ne voulais pas qu'il pose, alors j'ai fait semblant d'avoir un problème avec mon Leica, comme s'il ne marchait plus." Pablo Picasso est redevenu normal, la photo a été prise. 
Le photographe malin s'appelle Tony Vaccaro, il a 90 ans, c'est un des plus grands de sa génération. 

Ses premières images, il les a prises en tant que GI venu libérer la France. Parmi lesquelles le touchant "Baiser de la Libération".

Chez Gianna, officiellement connu sous le nom de Manducatis Rustica Ristorante, est son repaire dans le quartier de Long Island City, Queens. Cet Italo-Américain, p'tit gars de New Rochelle, dans le New Jersey, y vit depuis des décennies.

Tony Vaccaro en train de dédicacer une de ses photos pour Jef Pahun.



Elles sont accrochées là, ces images, au milieu des tables et des serveurs affairés. Elles mériteraient de figurer aux cimaises d'un grand musée, nicher dans les trésors d'un collectionneur, mais non, elles s'offrent aux dîneurs, en toute simplicité.

La rencontre avec Tony Vaccaro, autour d'un lunch de pasta, vendredi, fut un moment de pur bonheur. 
Il porte son Leica autour du cou, celui qui a photographié Picasso. Juste avant, un type du New York Times est venu le rencontrer pour raconter l'histoire de Tony, Picasso et le Leica. C'était en lien avec une autre histoire, qui a fait l'actualité il y a quelques mois: la vente, pour plus de deux millions de dollars d'un appareil ayant servi à immortaliser la vie du grand peintre. 
Selon Tony, le propriétaire aurait finalement refusé de vendre, l'info date de quelques jours. "Moi non plus je ne vendrai pas mon Leica pour rien au monde", ajoute-t-il dans un sourire immense. Il insiste en même temps pour me faire goûter le Napolitain maison, au demeurant très bon.

Cette rencontre s'est doublée d'une autre, tout aussi chouette, celle de Mimi et Jef Pahun, réalisateurs. C'est grâce à ces deux aventuriers de Rennes, proches de Tony, que j'ai fait la connaissance de Mr. Vaccaro. 
Mimi et Jef sont venus quatre jours à New York le filmer pour un doc-portrait du Grand Monsieur, en lien avec le Mémorial de Caen. Ils ont réussi à le faire discuter avec un grapheur caennais, installé à Dumbo, Brooklyn, depuis environ quinze ans:  WK Interact.





Comment dirait l'autre, déjà? Improbable, c'est ça.
Mais ça a pourtant eu lieu. Et ils l'ont filmé!

Avec Jef et Mimi, on s'est trouvé des connexions immédiates, le journal Ouest-France, Rennes et toute une bande de personnes qu'on a en commun à Locmiquélic (Morbihan), Séb/Tablantec, Olivier, Pierrot, Gaëlle... Dingue!

Les photos de Tony Vaccaro figurent dans le "Look Book" (du magazine "Look") et le "Life Book" (du magazine "Life").

J'aimerais tant qu'elles appartiennent à de plus officielles collections...

dimanche 7 avril 2013

Y'a enfin eu du sport

De loin, comme ça, on se dit que vus leurs résultats sportifs, les Etats-Unis doivent pousser leur progéniture dès le plus jeune âge sur les terrains indoor et outdoor.
Disons que c'est vrai et faux.
D'abord, il faut comprendre comment ça marche. Les lycées et universités proposent des sports après les cours. Mais pour les enfants, plus compliqué: cela se passe soit dans des clubs privés hors de prix, soit dans des YMCA, pas données, soit dans de petites leagues (championnats) locales. Ensuite, prévoir de dépenser des trésors d'énergie - et quand même un peu de dollars - pour trouver où inscrire les gosses et pas louper la saison. Sinon, ils se contenteront des "playgrounds", où les jeunes s'affrontent au hasard des rencontres, à l'arrache.


Bien garder à l'esprit qu'on ne s'inscrit pas en septembre pour une saison de neuf ou dix mois, comme en France. Non, ici, l'année se partage en plusieurs saisons successives: football américain ou flag football jusqu'en novembre, basket de décembre à avril, baseball et re-foot américain au printemps et en été. Le soccer, foot européen de plus en plus populaire parce qu'il permet encore - plus que les autres sports, surpratiqués- d'obtenir des bourses pour le lycée et pour l'université, se répartit sur l'année.

Dans la famille, on est pas trop soccer. Noé a opté pour le flag football (variante non-violente du foot américain), mais il a vu, déçu, la saison se terminer au bout de deux mois et demi, au moment où l'esprit d'équipe gagnait les "Cardinals, l'équipe où il jouait. Il a vu aussi lui passer sous le nez celle de basket: les inscriptions se prenaient en octobre-novembre, et le temps de trouver une équipe qui accepte un retardataire, puis de mettre la main sur les horaires des entraînements, sur le bon coach et trouver le bulletin d'inscription, il ne restait que deux samedis de match. Félix a failli rater la période du baseball (avril à juin, inscriptions en février) mais on a rattrapé in extremis.


En pleine action.

Il a donc pu jouer aujourd'hui le premier match de la saison, sur un terrain au bord de l'autoroute en hauteur Brooklyn Queens Expressway, localement surnommée "BQE". Pas mal de trafic auto en l'air, et beaucoup de joie sur la pelouse. Tenue de vrai joueur, comme dans les films, numéro 31, couleurs bleu marine et gris : ça vous pose un champion.
L'entraîneur, coach Cliff, débonnaire ventru, enthousiaste et pédagogue, a ensuite donné rendez-vous pour l'entraînement mercredi. Félix va pouvoir apprendre à "pitcher" (lancer) et "catcher" (attraper) la balle. Cette semaine, il faut lui acheter un gant.

Cliff fait partie de ces parents bénévoles, qui font tourner les "leagues" jeunes. Un autre père, Bob, féru de baseball, sert de coach sur le banc. Le reste des familles assiste aux matchs assidûment. 
J'avoue ne pas bien encore comprendre les règles de ce sport si américain, si étrange pour des Français. "Le principe essentiel", me confie Katy, mère de Will, pas une spécialiste non plus, "c'est d'encourager en criant le plus fort possible." On fait connaissance entre deux actions.
 La saison, à la Holy Name League, coûte dans les 130$ pour deux mois et demie, équipement compris. Félix joue dans la catégorie d'âge "Cub", "jeunes".

C'était le même principe et la même ambiance lors des matchs de "flag" de Noé. On se retrouvait entre parents au bord du terrain, certains apportaient une couverture ou un siège de camping, beaucoup de quoi manger et boire et c'était parti pour une partie de campagne sport-co.

Au Saint John's Recreational Center, dans Crown Heights (Brooklyn, à trois quarts d'heure de métro), où il a fait son premier match de basket dans l'équipe des "Jazz", samedi, tout est gratuit. Le but est d'occuper au mieux les gamins des cités. Même lorsque la saison sera terminée, il pourra continuer les entraînements, les vendredis, pour apprendre à shooter, dribbler, passer. C'est toujours ça. Ça viendra compléter ce qu'il fait, mais sans coach, dans son club d'après-école, au Brooklyn Community College.

A Saint John's aussi, les parents sont dans les tribunes, encourageant, discutant, passant le temps.

Pour compléter le tableau sportif de notre week-end, Léo a joué au rugby samedi matin. Départ en fanfare, à 7h30, pour un match à 10h. Métro en pointillé, retardé (c'est le week-end), près de deux heures pour arriver sur le terrain de Randall's Island. Mais au final, effort récompensé: un essai marqué.

vendredi 5 avril 2013

Enfin le printemps!

15 °C, dans les 60 degrés Fahrenheit, comme on mesure la température, ici: il y a bien longtemps qu'on n'avait eu aussi beau temps. Le fond de l'air reste cependant très frais, avec un vent bien caillant. Mais ressortir les shorts et les vélos, c'est super plaisant.


Nos vélos, achetés d'occasion en septembre, marque américaine Schwinn (depuis 1895 à Chicago), ultra connue ici. Le petit est un collecter qui date des années 60.

Les gens sortent de leur coquilles, étirent les bras vers le soleil, un couple de mariées lesbiennes en grande tenue passe sur le trottoir de Cortelyou Road pour aller se faire photographier, Félix joue au basket de longues heures dans la cour de l'école qui sert aussi d'aire de jeu en dehors des horaires scolaires.
Demain, si tout va bien, baseball, rugby et basket.

mercredi 3 avril 2013

C'est pas croyab'

Non, mais y'a des fois, tu t'demandes...

Petit résumé d'infos plutôt drôles, dans la série "Mieux vaut en rire qu'en pleurer":

- Un sénateur démocrate du Queens a été arrêté. Il est accusé d'avoir versé des pots de vin pour être investi candidat à l'élection municipale de novembre. Mais candidat… républicain! A New York, ville de "gauche", la concurrence est plus forte dans le camp démocrate, c'est pour ça. Cela donne une idée de la droiture et de la sincérité du bonhomme. Belle leçon de cynisme.

- Le Bronx, en français, ça sonne tout de suite comme bronca, castagne, ça craint. Alors, d'abord, c'est de moins en moins vrai. Ensuite, ça dépend où dans le Bronx. Enfin, la ville de NY a décidé de le prouver: on peut faire du tourisme dans ce borough super mal répu
té. Une campagne vient d'être lancée, jusqu'en Europe (vérifiez sur les murs de votre ville...). Bon, c'est sûr, elle ne fait pas la promo du nord du Bronx, zone encore, heu, comment dire, un peu agitée. Mais le sud! Oui, voyez le Yankee Stadium (et, j'ajouterais, le superbe zoo), mais aussi les General Post Office art, le Pregones Theater et le Clock Bar.

- Les premiers vélib' new-yorkais devaient arriver en juillet dans les rues de Manhattan. Depuis, plus de nouvelles. La semaine dernière, un passant (Adam Alperowicz) a photographié à Brooklyn, près du Navy Yard (l'ancien arsenal maritime), ce qui pourrait être les premiers, peut-être en test. Bon, beaucoup d'incertitudes, hein?Seule chose sûre: ils seront mis en service en mai. Enfin, c'est probable.


La photo des vélos prises par Adam Alperowicz.



















- Il faut se faire une raison, habiter à Manhattan n'est plus accessible qu'aux nababs et aux multinationales. A moins d'être logé par son employeur, comme pas mal d'expatriés, d'avoir fait fortune en bourse, ou de pouvoir vivre dans des conditions spartiates - colocations à vie, un canapé pour seul espace vital ou un appart' tombant en ruines - mieux vaut aller voir ailleurs. Des chiffres donnés par une grosse boîte d'immobilier font état de 51% d'augmentation en un an dans l'immobilier de luxe des quartiers sud. Bon, il y a peut-être un peu d'intox, mais quand même.
Autre possibilité pour avoir une adresse à Manhattan: avoir acheté il y a trente ans ou faire partie de la bande de veinards dont le loyer est bloqué parce qu'il a été construit avant 1947 (j'en connaît, un appart' dans le Upper West Side, sous loué au fiston: le bail est nominatif et s'arrête avec le décès des heureux locataires).
Voilà. Hasta la Vista!

mardi 2 avril 2013

Toutes les églises de New York

Son grand nombre d'églises lui vaut le surnom de " Brooklyn-la-Religieuse". Mais cette imprégnation se ressent dans toute la mégapole.

Eglise réformée hollandaise, Church Avenue, Brooklyn.

Sur Cortelyou Road, Brooklyn.

Les Témoins de Jehovah, sur Flatbush Avenue, Brooklyn.

Voyageurs du métro plongés dans un extrait de la Torah. Ribambelles d'enfants noirs endimanchés sur le chemin de la messe. Prédicatrices aux airs de grands-mères pépères. Illuminés ronronnant une antienne. Les Adventistes, les Méthodistes, les Catholiques, les Hassidics, les églises caribéennes édifiées autour d'un seul prêtre fondateur... 


Sur un mur de Chinatown, visible du métro en hauteur, il est écrit:

"Nyc tolerant on your beliefs
Jugemental on your shoes"
(New York accepte vos croyances, mais critique vos chaussures)
Je me suis demandée si c'était pas une pub pour un marchand de pompes

En tout cas, c'est bien vu

A chaque fête religieuse, les rues de New York se vident de leur habituelle effervescence. Y compris Manhattan la Fièvreuse.

On a pu le constater de nouveau hier, lundi de Pâques, jour férie. Comme un remake de Thanksgiving. Tout le monde chez soi, au repas de Pâques, qui se tient généralement dans le milieu de l'après-midi. Personne rue Doyers, au Nom Wah Tea Parlor (super dim sum, le plus vieux de Chinatown et le meilleur rapport qualité-prix), d'habitude gorgé de monde. Et pas grand monde au ciné de Times Square, l'AMC Empire 25 - car il a vingt-cinq salles sur six étages - où nous sommes allés voir "Oz" tandis que Léo organisait sa première "party" à l'appart'. 

Nom Wah Tea parlor, Chinatown Manhattan.


Le cinéma Empire 25.













Ça me rappelle ce jour d'avant Noël, où j'avais accompagné Noé chez un copain dans Flatbush, près de son collège. 
Il était convenu qu'ils se rejoignaient "à l'église, dont s'occupe sa mère, à côté de chez eux" pour jouer de la batterie.

On est arrivés tous deux à vélo, je voulais voir où il mettait les pieds, le quartier n'est pas sûr partout. Au numéro donnée, se tenait une maison modeste, en faux bardeaux, à un étage. Une entrée sur la rue, une en retrait, avec les escaliers. Mais d'église, point.

Enfin, si. Quand la dame assise dans l'encadrement de la porte du bas nous a invités à entrer, on a compris. L'église, c'était la salle à manger, bancs serrés et autel décoré. Du blanc et du rouge, des fleurs partout, des enfants et des femmes en tenue d'apparat, grands jupons, corsages bouffants, écharpes ou bandeaux, aller-retours vers l'arrière, les bras chargés de cadeaux qu'elles déversaient au pied d'un sapin bientôt submergé.

Puis la messe a commencé. Assis sur une fesse en attendant le copain, le temps nous a un peu duré. On nous a enjoint de rester, sans manières. C'était l'église dominicaine du père J'ai-oublié-son-nom. C'était à New York, en 2012.