mardi 26 février 2013

Petits bouts de France







On écoute France Inter (merci Internet. j'ai essayé de faire passer la famille à la radio publique américaine, mais pas moyen, les enfants scotchent à la radio française)
On fume des Gitanes (achetées en masse au duty free, tant mieux car ici, les clopes sont hors de prix)
On se soigne avec du Citrobiotic (extraits de pépins de pamplemousse) et à l'homéopathie, deux produits très peu répandus aux  États-Unis
On lit  et on regarde les DVD, BD, livres emportés dans les valises. Exemples: "Seuls", la BD de Gazotti et Vehlman, "Watchmen" de Moore et Gibbons, les bouquins de Daniel Pennac, des classiques: Gaston Leroux, A Dumas, Jack London... Bon, on a aussi Netflix pour plein de films en anglais et des livres de la bibliothèque du quartier, quand même.
Je porte toujours mon imper rouge, et la plupart de mes fringues sont celles que j'avais en France. Le seul truc que j'ai acheté ici, car il y avait urgence, c'est une paire de chaussures Camper… les mêmes qu'avant. J'ai honte de tant de conservatisme. En même temps, si la globo-mondialisation ne nous servait pas les mêmes objets, les mêmes marques, les mêmes boutiques d'une capitale à l'autre, je serais un peu plus aventurière dans ce domaine. Je m'étais fantasmée en executive woman à talons, ou en mètre-étalon de la mode classe, genre fashionista mondaine, cocktails et vernissages, j'avoue ne pas arriver à passer le pas (les premiers que je voient se marrer, je les envoie sur la 5e avenue me trouver des pompes).
Il faut dire aussi que le budget fringues n'a jamais été au top de mon hit-parade financier.
On écrit sur le même ordinateur de bureau qu'à Rennes, le même fond d'écran avec des galets dessus. Cet ordi est un baroudeur héroïque, emporté de France dans la soute de l'avion, avec mille précautions pour l'emballer. Je pensais le retrouver en pièces. Miracle, il était entier à l'arrivée!
Un rideau et des coussins turquoise que j'avais glissés dans ma valise sont du plus bel effet avec les meubles Ikéa rachetés au magasin de Brooklyn.
Une table d'hôtes, un grille-pain, des huiles/vinaigres/sels de plusieurs sortes rassemblés dans un coin de la cuisine: sans le vouloir, on se réinstalle dans des habitudes d'avant, parce que c'est sans doute ce qui nous convient le mieux (on peut noter là une certaines cohérence).
Le français parlé à longueur de journée, passée notre porte d'entrée.


Souvent, je me dis que nous sommes une vraie famille d'immigrés dont le trait principal, dans cette ville belle et rude, est de reconstituer leur microcosme culturel et social. Quand on entre dans notre appart', on met les pieds dans un bout de France, comme on passe à Mexico, au Pakistan ou dans les îles Caraïbes quand on pénètre chez nos voisins du quartier.

Hier, ma soeur m'a fait remarquer: "Quand on venait vous voir en Bretagne, on allait à la mer. On vient vous voir à New York et on va à la mer!" Ce n'était pas un reproche, on passait la journée, une magnifique journée gorgée de soleil, à Coney Island, la plage des New Yorkais. Elle avait raison, ma soeur. Faut croire qu'on ne se refait pas.


dimanche 24 février 2013

Chaud, chaud, le showbasket




J'ai beau connaître ça par coeur, les matchs de basket dans les salles américaines me stupéfient à chaque fois.
Parce qu'il n'y a pas que le match, il y a tout ce qui se passe autour.
Nous (la vidéo est prise à la mi-temps, avec ma soeur et mes parents), on est allés voir une rencontre de "college", cet après-midi, Saint-Johns, université catholique prestigieuse de New York, contre Pittsburg university.
C'est un basket moins rodé, plus authentique que celui des pros de la NBA. Le match n'était pas d'un super niveau. Mais tout y était, comme chez les grands.
Il y a l'orchestre à faire pâlir le moindre groupe de musique français, les pompom girls gymnastes autant que danseuses, et toutes les distractions: mascotte grandeur nature, tee-shirt bombardés dans le public, concours de lancers-francs, hommages divers à d'anciens joueurs, à des militaires méritants, à des bénévoles au grand coeur... 
On n'oublie pas les écrans pub répétés, pour les assurances Machin, pour telle compagnie qui fait tant pour les jeunes, pour cette société qui sponsorise le match du jour.
Et en fond gustatif et olfactif, la bouffe. Des kilos de bouffe qui s'engloutissent pendant les deux heures du match, de la bouffe à très hautes calories à des prix déraisonnables, hot dogs sous toutes leurs formes, sodas, hamburgers, nuggets...

St Johns s'est fait battre par un Pittburg plus tonique et mieux organisé, 63-47.
Nous, on a s'est payé une tranche d'Amérique.

jeudi 21 février 2013

Une journée à NY City

Je ne sais pas pourquoi, une brusque envie de lister ce que j'ai fait aujourd'hui. Peut-être quelque chose comme une journée typique à New York pour moi, entre projet de resto, recherche de sujets pour des articles, et la famille.

Une matinée passée à envoyer des emails:
- au broker (agent immobilier) pour l'emplacement du Lower East Side (qui avance bien lentement)
- à un investisseur américain potentiel que l'on veut rencontrer (il nous faut plus d'investisseurs, on n'a pas encore pu rassembler assez de fonds)
- à des journaux à qui je propose un article sur une boîte de Brooklyn qui fabrique des imprimante en 3 dimensions démentes (avec de grandes chances que personne ne me réponde, comme d'hab)

mais aussi à passer des coups de fil à l'école de Félix qui s'aperçoit maintenant seulement qu'il n'a pas passé sa visite médicale de rentrée avec un médecin américain (mais français) et ça, pas question (mais on est fin février!!!!)

et à faire une lessive au lavomatique au rez-de-chaussée de l'immeuble (vous avais-je raconté qu'ici, presqu'aucun locataire ne dispose d'une machine à laver et d'un sèche-linge chez soi, parce que les proprios ne veulent pas, à cause des risques d'inondation)

A midi, après avoir attrapé un "lunch" (déjeuner) rapidos, métro jusque chez les bourges bobos de Park Slope, où je dois travailler deux heures 45 à l'alimentation coopérative, une fois toutes les quatre semaines, en échange de quoi on mange pour beaucoup moins cher qu'ailleurs des produits plutôt bons.
J'aime bien me rendre à cet emploi, même s'il n'est pas salarié, cela me donne l'impression de retrouver le rythme que j'ai connu pendant plus de vingt ans, celui du travail quotidien.
A ce propos, je rencontre beaucoup de femmes, françaises ou d'autres nationalités, qui perdent, en s'expatriant, leur boulot pour suivre leur conjoint. Elles sont désemparées et n'ont souvent pas du tout le moral.

A 14h45, les courses, avec Tonio. On met tout dans deux sacs à dos et deux caisses et hop! dans le métro pour rentrer, à vingt minutes de là.

On retrouve à l'appart Félix et mes parents qui se sont gelés le matin (il fait -3°C mais avec un vent qui augmente sérieusement la sensation de froid) pour aller prendre un bateau qui fait le tour de Manhattan, mais c'était très beau, sous un soleil d'hiver, donc ça valait le coup.

Un peu de courrier, de cuisine, montage d'une étagère Ikéa, et réunion de parents de l'école: on essaie de refaire le site Internet de PS 139, l'école donc, que l'on trouve particulièrement indigent.

Puis dîner et nous voilà au lit.

Ce soir, un concert de jazz contemporain nous tendait mes bras au café Lark, à quelques rues d'ici. Mais trop crevés. 

mercredi 20 février 2013

De Sandy à Sandy

La coïncidence n'avait échappé à personne. Les pompiers du New Jersey vont la graver dans le marbre.
Ils construiront vingt-six aires de jeux pour enfants dans les villes frappées par l'ouragan Sandy et chacune portera le nom d'une victime, élève ou professeur, de la tuerie de l'école élémentaire Sandy Hook, à Newtown dans le Connecticut.
De Sandy à Sandy, une mise en connection de deux drames qui ont bouleversé toute la région, ici, en quelques semaines.
(Moi j'ai en plus un très bon copain qui s'appelle Sandy, à New York, mais lui n'est pas une catastrophe.)

Dans les autres nouvelles du jour, la NYPD, la police de New York affirme suivre de très près 25 malades mentaux, parmi les plus dangereux, qui ne suivent pas le traitement médical auquel ils ont été condamnés.
La police espère ainsi éviter ce qui s'est produit à plusieurs reprises l'an dernier dans le métro (et deux fois rien qu' en décembre): des voyageurs poussés sur les voies par des inconnus déséquilibrés.
Je dois admettre que je trouve ça assez flippant.

Et puis, je ne résiste pas à partager cette image avec vous: voici les entrailles de la grande ville, sous la rue Chambers Street (sud de Manhattan) en travaux. Encombré, non?

lundi 18 février 2013

Renversant concert de Ron Carter

Un contrebassiste de jazz de légende, en concert devant 50 personnes, dans un simple conservatoire de musique au milieu de Brooklyn... Incroyable? Mais vrai. On y était.



Une bête affiche.
C'est Tonio qui a repéré l'annonce, une simple affiche devant le conservatoire. A peine un petite annonce laconique dans les journaux. Comme si personne n'avait fait gaffe à la personnalité programmée: Ron Carter, rien qu'un des bassistes les plus importants de l'histoire du jazz. 
On a douté que ce soit lui-même en personne, même après avoir pris les billets. Jusqu'à qu'à samedi soir. On est venus en force, avec les enfants et mes parents. Personne n'a regretté. Moment magique.

Ron Carter, à droite, parle de sa vie avant que ne commence le concert.

Un musicien classique.
En "tête-à-têtes" avec le public, il a d'abord parlé de sa vie. Rappel de faits trop souvent oubliés: Ron Carter, 75 ans, a grandi à Detroit au temps de la ségrégation. Et cela a considérablement changé le cours de sa carrière.


Victime de la ségrégation.
Il est refusé une première fois à l'université parce qu'il est Noir: il contournera l'interdiction en se faisant recruter par l'équipe de basket de la fac. Et, à la sortie de ses études supérieures, il se voit barrer l'accès au poste de contrebassiste classique qu'on lui proposait parce que la direction de l'orchestre ne voulait pas de Noirs.
Ron Carter fait ses valises pour New York et le jazz, où il avait entendu dire qu'un contrebassiste ne reste jamais longtemps sans travail. C'était en 1959.

"So What", so nice.
L'auditoire est sous le charme de ce vieil homme à la voix grave et douce, haute silhouette longiligne et élégante. Ses mains immenses font vibrer l'air et, plus tard dans la soirée, sa contrebasse. 
Le quartet attaque avec "So What" de Miles Davis, d'une évidence presque folle. Jouer, comme une seconde nature. Subtil, pro, incarné, avec des trésors de trouvailles du côté du batteur (McClenty Hunter) et une joie enfantine pour le pianiste (George Cables). C'est immédiatement là, prêt à s'enrouler autour de vous, à vous donner la "rythmite", à vous faire partir. A un moment, j'ai regardé, tout le monde dans la salle battait la mesure des pieds, de la tête ou d'une main sur la cuisse. 

Nouvel album.
Ron Carter a inventé une petite contrebasse, appelée "Piccolo", qui lui permettait de passer sur le devant de la scène et donc de tenir le rôle de leader dans le groupe. Il a annoncé qu'il allait sortir un nouveau disque en avril, enregistré à Tokyo après avoir déjà joué sur environ 2500 albums.

Miracle new-yorkais.
Il vit et travaille à Manhattan, ainsi que les autres musiciens entendus ce soir (ou à Brooklyn). Ainsi que des dizaines d'autres musiciens qui comptent dans le monde. Quand ils font un concert, c'est presque au coin de leur rue. C'est ainsi que ce genre de miracle, la divine surprise de samedi soir, peut se produire à New York.

jeudi 14 février 2013

Caraïbes City

"Je voulais savoir si on pouvait prévoir, comme aux Caraïbes, un moment pour prier avant la classe et un autre après la classe... Je sais bien qu'on a tous des religions différentes... Mais un moment de silence, pour les élèves qui veulent prier." Hochements de têtes, murmures approbatoires, applaudissements dans l'amphithéâtre du collège Walt Whitman, district scolaire 17 de New York, quartier de Flatbush, Brooklyn.

Le principal, l'élégant Mr. Warrington, remet les choses en perspective. Avec clarté et fermeté, il rappelle à la mère d'élève que les collègiens prononcent déjà chaque matin le serment d'allégeance au drapeau américain mais que, si ce texte fait référence à Dieu, la Constitution américaine est régie par le principe de séparation de l'Eglise et de l'Etat. 

Il vient de faire un speech devant les familles, réunies ce soir par l'association des parents d'élèves, une quarantaine de personnes, majoritairement jamaïcaines, dominicaines, haïtiennes, et africaines-américaines - comme presque tous les profs et personnels administratifs. 
Un speech vibrant, comme il se doit, vantant les mérites de son établissement "au programme exigeant", rappelant qu'il y est prévu toutes sortes de soutiens aux collégiens et qu'il n'y a donc aucune raison d'échouer les tests et examens prévus dans quelques semaines. 

Comme souvent, la réalité ne colle pas tout à fait au discours. Noé, qui est scolarisé ici, ne bénéficie plus depuis quelques semaines de ces heures d'aide évoquées par le directeur sans que l'on sache bien pourquoi et sans que nous n'ayions été prévenus. Je doute qu'il ait déjà le niveau d'anglais et de connaissances culturelles américaines pour s'en passer. Quant au soutien en anglais, spécifique aux élèves dont ce n'est pas la langue natale, il a bien lieu, mais à la place d'un cours de math ou d'histoire.

Le principal évoque les deux salles flambant neuves, le labo de sciences et la salle d'ordinateurs. Façon showbiz, il fait entrer le politicien du coin qui a apporté les fonds pour les construire. Discours. Applaudissements nourris. 

Une mère en profite pour lui demander davantage de policiers pour surveiller les rues aux heures de sortie du collège. Une autre souhaite un enseignement de la culture caribéenne. Une autre encore témoigne de sa gratitude à l'équipe éducative qui a permis à son fiston d'obtenir à peu près la moyenne. 
Une dernière s'interroge: pourquoi son neveu n'a-t-il jamais de devoirs à la maison? Huées, moqueries, "ce n'est pas vrai", "il doit vous mentir". Je n'ose rien dire, mais Noé revient avec très peu de homework lui aussi, et on a bien vérifié, cherché partout, il n'en a vraiment pas.

La chargée de relation avec les parents prend la parole en créole. C'est la seule langue vraiment comprise par beaucoup de familles, ici. L'instant est grave: elle rappelle les dates de remise du diplôme pour les 3e (8th grade), du voyage et du bal qui vont avec. Et surtout, qu'il y aura une tombola et que l'ensemble reviendra à 120$, juste pour la cérémonie du diplôme, avec toge et chapeau carré.

On se quitte sur un tirage au sort, les lots sont des boîtes de chocolat. C'est chaleureux, vivant, démonstratif. C'est un morceau des Caraïbes. C'est à New York, en 2013.




Saint-Valentin's follies


On croit savoir ce qu'est la Saint-Valentin en France, mais ce n'est rien comparé aux Etats-Unis!
Ce matin, sur le chemin de l'école, les commerçants ont tous fait le plein de fleurs cultivés sous serre, tulipes, marguerites, faut pas compter sur les fleurs des champs, mais c'est joli quand même.
Et tout le monde, dès 8h du mat, se trimballe avec sa rose, ses tulipes, mêmes les enfants dont on ne voit pas bien à qui ils destinent leurs bouquets, si ce n'est à leur maîtresse d'école (!).

(actualisation de 21h30, après conversation d'après-dîner: en classe, de l'école au lycée, les enfants se sont faits des cadeaux, offert des cartes, et l'instit de Félix a offert un cupcake à chacun de ses élèves. St-Valentin c'est plus que  la fête des amoureux, c'est l'occasion pour tous de dire qu'on s'aime. Gros câlinnnnn!)

Nous, on ne donne pas dans la rose d'amour, mais dans Mardi Gras, à la française. 
Maryse, en bonne Stéphanoise, a fait des bugnes, eh oui, des bugnes à New York, si c'est pas du rétrécissement d'espace-temps culturel, ça!






mardi 12 février 2013

Célibataires et pleins aux as



A l'avant-veille de la Saint Valentin, les journaux font leurs choux gras d'une étude, réalisée pour une enseigne immobilière. Elle confirme ce que l'on savait déjà: que New York est une ville de femmes, avec 1,7 vivant seules pour 1 vivant seul. 

Les "célibataireeees" ont été repérées en troupeaux dans les zones chic résidentielles de Manhattan (Upper East et West Sides, en rose fushia sur la carte) et dans le Brooklyn chic résidentiel (Park Slope, Prospect Heights, Brooklyn Heights...) Les "célibatairs" adorent la pointe sud de Manhattan (Financial District, Chinatown, zones bleu foncé) et l'ultra-bobo Williamsburg, à Brooklyn.

A part ça, c'est pas la fête pour les classes moyennes dans la city. On le savait déjà aussi. Une compilation de données vient d'être publiées pour le redire. Repoussés vers les périphéries par l'augmentation du coût du logement (avoir un toit coûte ici 29,7% de son revenu, contre 28,4% dans l'Ouest du pays ou 24,9% dans le Midwest), les "classe-moyens" sont de plus en plus souvent au chômage et leurs revenus s'effondrent. Pourtant, ils sont de plus en plus éduqués (titulaire d'un diplôme universitaire).

Christine Quinn, candidate aux prochaines municipales, a promis de faire quelque chose.

lundi 11 février 2013

Moi d'hiver

"L'hiver est dur à New York." "Tu verras, c'est long." "Il fait vraiment froid , l'hiver."
Moi: pourquoi plus dur là-bas qu'ailleurs? Pourquoi plus qu'en Bretagne qui sait ce qu'un temps de chien veut dire? Pourquoi plus qu'à Paris-la-grisaille? Plus qu'à Lyon-purée-de-pois?
Ben parce que.
Oui, ça caille, il neige, il vente, il pleut. Les trottoirs se glissent sous les mares des eaux mal évacuées, et je crois vraiment qu'on est sous-équipés. Je veux dire, à la moindre chute de neige, le New Yorkais sort les après-ski et les combis pour les gamins , les bottes fourrées-étanches et les protège-oreilles pour les grands.
Nous, on a nos bêtes fringues d'hiver. Car on ne savait pas que la ville en hiver , c'est la jungle.
New York ne manque pas une occase de rappeler son statut de ville maritime, bourrasques anti-brushing qui vont avec.
A 17h, on se croirait à 20h tant la nuit tombe. Faire du vélo me manque. Going back home (rentrer chez soi) est le seul truc qui vienne à l'esprit. Avec: se mettre sous la couette.
Tu sais, l'hiver est dur à New York.

dimanche 10 février 2013

Tout schuss sur Brooklyn



Un diaporama des meilleures photos de neige et de luge, à Ditmas Park et Prospect Park.
Et deux vidéos prises par Tonio.









Elle n'aura pas eu que des inconvénients, cette "tempête" de neige. Samedi, les enfants se sont précipités dans la poudreuse.
On aurait pu aller skier dans les Catskills, ensemble de montagnes dans le nord de l'État de New York, ou se la jouer pleins aux as dans le Colorado. Mais on a préféré la proximité sur les collines de Prospect Park.
Cette station de ski est située à un quart d'heure de chez nous. On y accède par des navettes assez performantes, le B68 de la MTA. Les remontées se font à pied, c'est meilleur pour la santé. Et le chocolat chaud est au café du coin.
Voilà, les sports d'hiver en ville, on a rien inventé de mieux. 

Le soir, les gosses, rouges au joues et pied gelés, ont renoncé à se rendre à l'aéroport, comme prévu, accueillir leurs grands-parents. Je m'y suis donc rendue seule, moi qui n'avais pas mis un orteil sur la luge. Le vol est bien arrivé à l'heure mais il a fallu deux heures aux passagers pour passer la douane et sortir de l'aéroport tant il y avait de monde - est-ce dû à tous ces vols annulés la veille? Les retrouvailles ont été enthousiastes.

Je suis en plein risque de chaud/froid. J'écris dans une chambre surchauffée par un système de radiateurs obsolète, la fenêtre ouverte sur le froid hivernal, tant c'est insupportable. Gaspillage maximum, écologie zéro. Culpabilité de fond. Mais comment faire autrement?

samedi 9 février 2013

La tempête "Nemo" a fait pschitt











8h, ce samedi matin. "Nemo" a fait pschitt. Il a neigé jusqu'à 1h du matin, mais le vent annoncé ne s'est pas levé. Le blizzard n'a pas montré son nez à Brooklyn et New York.
Les vols ont repris, mes parents, bloqués à Rome, vont pouvoir arriver, à l'heure prévue hier, mais ce soir.
Il y a une énorme quantité de neige, de l'or en barre pour les gamins. Ils vont tenter de trouver une luge au bazar du coin, à l'enseigne 99c. (c'est tout dire!).
Tonio, qui s'est obstiné à sortir dans Manhattan hier soir, a quand même mis quatre heures à rentrer car aucun taxi ne voulait aller à Brooklyn. Et les trains et bus marchaient au ralenti.

La luge-planche.

vendredi 8 février 2013

Il neige depuis six heures

Sans discontinuer, le manteau s'épaissit. Il est 23h16, le vent n'a pas vraiment forci.
La photo est prise dans ma rue.

Une tempête? Encore? Tous aux abris

Impression étrange de se retrouver à la veille de l'ouragan Sandy (on l'appelait encore "Frankenstorm", à l'époque). Hier, le service météo national a lancé une alerte au blizzard, tempête de neige accompagnée de vents puissants.
Comme pour Sandy, les avertissements ont commencé à sortir dans la semaine. Contestés, remis en cause, moqués. Comme pour Sandy.

Mais hier s'est confirmée la probabilité pour les New-Yorkais de se retrouver coincés entre deux événements météo convergents (une arrivée de neige des Grands Lacs conjuguée avec une masse froide venue de l'Océan). La force de Sandy, en octobre, avait aussi été amplifiée par une convergence de phénomènes.
Ravivés par ces mauvais souvenirs récents, les réflexes sont revenus sur le champ. Remplir les frigos, faire la queue pour un générateur, la file pour l'essence: dès hier. Nous, comme d'hab', on ne fait rien. On attend. Après l'école, on se restera au chaud pour la soirée qui est annoncée comme le moment le plus intense de cette tempête de neige. Et on regarde passer les passants.

Plus de 2500 vols ont été annulés. Dans l'un d'entre eux devaient arriver mes parents pour une première visite aux enfants et petits-enfants depuis juillet. Leur avion a été retenu à Rome et devrait arriver avec un jour de retard. On croise les doigts.



Devant chez nous, vers 16h30: la neige.


Devant l'école, à 14h30: la pluie.

mercredi 6 février 2013

Ma nouvelle série télé préférée

Me voilà à nouveau "hooked", comme disent les autochtones, "accro", en bon français, à... une nouvelle série télé.

"House of Cards" m'a d'abord laissée un peu dubitative, mais l'intensité de cette intrigue nouée dans les arcanes du pouvoir, entre le Congrès et la Maison Blanche, m'a chopée après deux épisodes (et il y a Kevin Spacey dedans).

J'ai commencé à regarder vendredi. J'ai presque fini la première saison.
La bande annonce: 


Opium
Bon, rien d'étonnant. Les séries télé font un tabac dans ce pays. Je crois les Américains bien plus passionnés par les déboires des héros de "Downtown Abbey", "Girls" ou "Portlandia" que par n'importe quel film au ciné. Le métro, les rues, les journaux, le moindre écran, annoncent le début d'une nouvelle saison, vantent les personnages, interviewent les auteurs. L'impression que chaque semaine arrive une nouvelle création. On a le choix de son opium.

Nuits sans sommeil
Deuxièmement, je suis une cliente facile. Je me suis déjà fait avoir plein de fois ("Six Feet Under", "Madmen", "Les Sopranos", "Dr House", "24H Chrono", et même, en des temps préhistoriques, "Friends", merci de ne pas me chambrer). Cernes aux yeux, des nuits écourtées à enchaîner les épisodes. 

Un coup de Netflix
Pas question d'attendre une semaine la livraison suivante. Ni de m'enquiller les rideaux de pub prévus par la chaîne qui diffuse. Je ne regarde une série qu'en DVD, d'ailleurs, je n'ai pas la télé.
Ce qui m'amène à présenter un bijou de la rediff', une perle de l'archive TV: Netflix, des dizaines de films (notamment de très bons français) et émissions pour 7$ par mois.
Ce service américain de vidéo à la demande n'est pas disponible en France. Il en a été question à l'automne, mais ses résultats financiers ne lui permettent pas de se lancer en Europe.


Attaquer la télé
Netflix, qui a commencé avec la location de DVD par correspondance (ils étaient envoyés et renvoyés par la Poste!), a produit "House of Cards". Les treize premiers épisodes ont été placés sur son site vendredi. La société veut concurrencer les grandes chaînes de télé, notamment HBO, grande pourvoyeuse de séries de qualité. 
C'est une première. Je ne sais pas si ça va marcher. Pour moi, si.

mardi 5 février 2013

Essai transformé pour Toto "private chef"

Quand il est sorti de chez la dame de Chelsea, il ne savait pas bien quoi en penser. Avait-elle aimé ses plats? 
Apparemment oui. En bonne Américaine, elle s'était exclamé "delicious" et "beautiful" tout au long du repas. Tout en gardant cependant une certaine retenue toute anglo-saxonne.
Alors, Tonio n'était pas sûr.

Maintenant, il sait. Oui, la dame de Chelsea - et ses assistantes - ont aimé. Elle ont repris de la soupe de butternut et sa quenelle de chèvre frais, ont adoré la purée au citron avec le cabillaud et ont fondu devant le coeur coulant de chocolat. 

Tonio a donc été rappelé. Il retourne demain dans le duplex blanc, à la cuisine immaculée, ouverte sur la salle-à-manger, où l'on quitte ses chaussures dans l'entrée (étonnant, non? Mais très courant dans les appartements, en ce moment. Tonio n'y avait pas pensé, il portait des chaussettes trouées...).
Sa nouvelle mission: faire saliver la dame avec un poulet rôti-comme-elle-a-mangé-une-fois-à-Paris. 

C'est très enthousiasmant. On essaie de ne pas s'emballer, mais on commence à trouver que le catering par Internet, c'est drôlement chouette.
Un autre client l'a contacté pour un repas de Saint-Valentin. Vive les coeurs en papier!

lundi 4 février 2013

New York Stories


New York qui grelotte n'en finit pas de se raconter.
Dans les soirées, chez des amis d'amis, à Brooklyn-la-banlieue ou à Hell's Kitchen, Manhattan, la ville alimente sa machine à histoire.

La vie en cercles
Lisa rédige des articles de communication interne pour une société qui bosse dans la santé. La quarantaine, elle a vécu à Manhattan avant Brooklyn. Elle bosse à domicile, à cause des enfants. "Il y a tant de choses à portée de main, à New York. Mais c'est une illusion." Tant de fêtes, d'événements, de célébrations… très peu vraiment accessibles. "On n'est au courant que si on fait partie de réseaux, le cercle des "modeux", celui de l'édition, celui du spectacle."
C'est d'autant plus vrai qu'ici, peut-être plus qu'ailleurs, l'info circule d'abord sur Internet. Or, tout le monde n'est pas toujours branché sur tout.

"Times Square, c'est Disneyland"
Chez David, l'autre soir, deux "New Yorkais de souche, Américains de 5e génération". Il dit: "On a connu NY dans les années 70…", elle le reprend: "Même dès les années 60", il acquiesce: "Et on a choisi de rester ici quand tout le monde partait. Mes trois frères et sœurs ont quitté la ville. Ils me prenaient pour un fou."
"Evidemment, ce n'est plus le même NY aujourd'hui. Parfois, je ne le reconnais pas. Oui, il y avait des endroits peu sûrs où il valait mieux ne pas se rendre. Times Square était plein de prostituées, mais on rencontrait des gens chaleureux, de l'humanité, on était habitués à vivre avec des personnes de toutes sortes. Aujourd'hui, Times Square, c'est Disneyland."

Brooklyn-Manhattan
Des New Yorkais qui aimaient tant NY qu'ils y ont pris racine. Moyennant quoi, ils ont acheté leur deux-pièces en face de l'université de Columbia il y a trente ans, sans se douter qu'il vaudrait quatre fois son prix, un jour.
Ils ont fait leurs études au Brooklyn College, tout près de Ditmas Park où nous habitons. Il y avait dix "Manhattaniens" dans leurs rangs, ils se sont tout de suite reconnus et ont été repérés immédiatement par les étudiants de Brooklyn: "Vous venez de Manhattan? C'est pour cela que vous parlez si bien! (that's why you're talking so nice!)"A l'époque, dans les années 70, les habitants de Brooklyn ne se rendaient guère en ville, à Manhattan. 

Métamorphoses
Ils gardent de ces années 70 à l'université le souvenir lascif de cours à la discipline élastique, du bus qui les emmenait aux plages, et des bancs sur une promenade de Flatbush. 
Elle rit à l'évocation de la transformation du Lower East Side, une des grandes métamorphoses au sud de Manhattan. Lui revient le quartier pauvre et crasseux qu'elle connut jeune fille, ce carré de la confection où elle descendait du haut de la ville choisir un tissu ou quelque dessous.

Vieux immeubles
"Lower East Side, j'y rendais visite à ma grand-mère. Cela reste pour moi l'odeur des vieux immeubles où les gens vivaient entassés et sans confort. L'odeur de chez ma grand-mère." Charles, ancêtres juifs d'Europe de l'Est, loge maintenant dans l'Upper West Side.

L'avenue qui traverse un building
A l'arrière d'un taxi jaune, soleil franc d'hiver, Tonio et moi vers Chelsea Market en quête d'ingrédients pour son repas à domicile, ce soir. Le taxi, l'action, les projets, l'élan. Park Avenue qui traverse un building à hauteur du 4e ou 5e étage avant de contourner le gratte-ciel de MetLife et de longer Grand Central, la gare, par une bretelle surélevé. Incroyable. Nous là, au quotidien. Une folie douce.

Top Model
Léo a été abordé par un type dans le métro qui cherche des mannequins. C'est la deuxième fois que ça lui arrive. J'ai lu plein d'interviews de cover-girls racontant avoir été repérées parmi les quidams dans une rue de Panam. Ça me paraissait toujours un peu facile, comme débuts. En fait, ça se peut.

dimanche 3 février 2013

Toto traiteur sur Internet

Honnêtement, on a encore un peu de mal à y croire. Tonio a fait sa première touche sur Internet (en tant que traiteur!) en moins de temps qu'il faut pour le dire.
Demain, il se rend au domicile d'une femme d'affaires de la mode new-yorkaise, dans le quartier branché-argenté de Chelsea, cuisiner un dîner pour quatre.
Il lui a proposé un menu "Saveurs bretonnes" qu'elle a accepté sur le champ. Reste à cartonner et espérer que toutes les fashionistas s'éprennent de la bouffe à Toto.

En pleine action...



Dans la cuisine-rédaction-agence de Kitchensurfing, les chefs au travail.

La solitude du cuistot de fond (de dos).

Les cuisiniers  présentent leurs plats.
L'affaire a commencé il y a une ou deux semaines, lorsque nous avons inscrit notre chef préféré sur le site Kitchensurfing. Histoire de voir, on ne savait pas trop à quoi s'attendre.
Maintenant, on sait: le site a été lancé en novembre par une équipe de jeunes qui n'en-veulent et qui savent ce qu'ils font.
Avant de pouvoir apparaître sur le site, Tonio devait faire tester sa cuisine et rencontrer l'équipe. Ça s'est passé vendredi, je l'ai accompagné. 

Cuisine ouverte
Kitchensurfing a installé ses sept salariés dans une toute rénovée rowhouse (maison en hauteur) d'un coin de Brooklyn que j'aime beaucoup, le Gowanus Canal. Le premier étage accueille l'agence, ordinateurs et têtes chevelues décontract' d'un côté, cuisine ouverte de l'autre. Quatre cuistots étaient invités à préparer deux plats, trois femmes, un homme. Quatre personnalités, quatre styles: très américain tradi pour Merryll, du Connecticut, asiatique moderne pour Sue, moyen-oriental pour Hagar et français international market pour Tonio.
Les plats ont été photographié par Max, de l'agence, les cuisiniers aussi. Les plats ont été goûtés par les salariés et quelques invités "RP" ("relations publiques").

Le Frenchy 
La purée au citron et limande-beurre blanc de Toto a fait son effet. Sa truite fumée à l'orange et buttermilk un peu moins. Mais au global, Kitchensurfing adore ce Frenchy à la "such great personnality"..
Avant de se quitter, Simran, chargée des relations avec les cuisiniers, lui conseille d'ajouter des propositions de menus à son profil et promet de le mettre en ligne dans la foulée.

Miracle
A peine rentrée chez nous, voilà-t'y pas que l'agence nous signale la première cliente de Toto! Un miracle, presque de la magie vu que son profil n'apparaît pas encore sur la version publique du site. Mais nous, on croit aux miracles, hein, quand ils nous trouvent des "gigs" ("plans").
Suite au prochain épisode...