jeudi 31 janvier 2013

Climat extrême

Bien-sûr, il y a le Pôle Nord, le Pôle Sud, la Vallée de la Mort, les taïgas et les Terres de feu.

Mais il y a surtout, NewYork.

En matière de climat extrême urbain, c'est pas mal non plus.
Comme vous le savez peut-être, on a essuyé en octobre l'ouragan du siècle (il n'est pas fini, je ne prends pas trop de risques). Avant, il y avait eu l'été le plus chaud depuis fort-fort-longtemps. On a aussi absorbé, la semaine dernière, les températures les froides d'une fin janvier (-12°C avec un vent donnant une sensation de -20 et des poussières).

Ben la nuit dernière, sans prévenir personne, surtout moi qui n'ai rien vu venir sur les sites de prévision météo (et ici, il y en a un paquet), le vent s'est mis à souffler en bourrasques insensées. D'une certaine manière, c'était presque plus impressionnant pour nous que Sandy, dis-donc.

Et voilà, ce qui devait arriver arriva: l'arbre qui avait pris racine juste devant notre balcon, un conifère un peu poussif mais très attachant et qui avait résisté à l'ouragan, notre arbre, donc, a été arraché. Il était exactement 6h40. Mauvais réveil - à 7h - pour Félix : où désormais accrocher les guirlandes lumineuses de Noël?

Notre arbre, victime du vent.


mardi 29 janvier 2013

Six mois et toujours vivants

La moitié. À mi-chemin.  Mi-chèvre, mi-chou. Entre chien et loup.
Voilà six mois qu'on est arrivés à New York, avec nos dix valises et nos rêves en bandoulière. Six mois pile, c'était vendredi, le 25 janvier. Six mois sur une année, la première, l'année test notre aventure américaine.

Quelques photos que j'aime bien de ces six mois:


Coney Island.
Subway.

New York rugby.

Skyline.




Je sais pas vous, mais moi, ce premier mois de l'année est passé comme une fusée. Pas encore répondu aux voeux chaleureux des copains. Pas réussi à dénicher un journal qui me voudrait comme foreign correspondante. Pas déniché de nouveaux quartiers à vélo. Pas de ciné ni de musée. 






Bon, restons indulgent. En janvier, on a quand même avancé sur pas mal de sujets: on a trouvé un local pour le restaurant, on est devenus membres-propriétaires de la coop bio de Park Slope, je suis allée à l'investiture d'Obama (Yes!), on vient de prendre nos billets pour rentrer en France cet été, on a essuyé les températures les plus froides de janvier (et la neige qui va avec, d'où le peu de vélo), tout le monde à la maison sauf moi a chopé la grippe, on a des fuites d'eau dans la salle de bains depuis un mois et personne n'intervient, on a payé 50$ pour qu'un type visse quatre patères dans un mur, on a le cuir tanné par la rudesse du climat et de la ville.



Je m'habitue vraiment:

- Aux métros erratiques; quand, exemple parmi d'autres, le Q se transforme en N sans rien dire à personne et t'oblige, à mots couverts, à descendre à la station Dekalb attendre le Q (le vrai). Dans ce genre de situation, les passagers tendent l'oreille pour un message diffusé qui ne vient pas ou alors de manière totalement inaudible, puis ils hésitent, tentent une sortie vers une autre voie, se ravisent, slaloment, bref sont perdus. Des fourmis affolées. Dont je fais partie, mais de moins en moins.

- A payer avant de boire ou de manger dans les coffee shops. Au début, ça fait drôle, on ne sait plus dans quel sens aller.

- Au sublime paysage qui s'offre sur le sud de l'île quand on traverse les ponts de Manhattan ou de Williamsburg. Ce matin, dans le métro, j'ai oublié de regarder par la fenêtre. Ça ne m'était jamais arrivé. J'en étais désolée.

- Au sucre, en poudre exclusivement. Ça n'existe pas en morceaux.

- A l'absence de biscottes. Il n'y en a pas, cela dit, je n'en mange jamais, mais bon, quand même, question d'habitude.

- A faire la queue partout. Je prends mon tour dans la file, généralement encadrée par des rubans élastiques, comme dans un labyrinthe, et je calcule le temps d'attente. Je ne me trompe presque plus. Sauf en cas d'agent administratif fatigué ou de client trop lent.

-A la mauvaise humeur des New-yorkais. Moi même je m'y mets. 

-A tomber sur des gens que je connais en plein Manhattan! Oui, oui, vous avez bien entendu, ça m'arrive hyper souvent. Que je connais ou que j'ai vu dans un resto ou ailleurs quelques jours plus tôt. Dingue, non? Comme le disent les gens ici, c'est une big city mais une small town.

- A dire: OMG, BTW, WTC, WTF, BYOB. Les abbréviations locales pour: Oh my god, By the way (au fait), World Trade Center, What the fuck (bordel!)! Et Bring Your Own Bottle (quand on peut apporter son vin, dans un resto).


Je ne m'habitue pas:

-Aux délires administratifs qui nous font attendre six mois le remplacement d'un simple papier perdu, sept mois l'accès à une carte de crédit et cinq mois des cours de soutien en anglais auquel les élèves ne parlant pas anglais ont droit.

-Aux inconnus qui me demandent leur chemin dans la ville. Cela me surprend à chaque fois - comment ne voient-ils pas que je ne suis pas d'ici?- mais cela arrive de plus en plus souvent. J'en conçois un sentiment de fierté non dissimulé. 
Si on me prend pour une New-Yorkaise, c'est que je dois en être une, un peu. 




http://www.youtube.com/watch?v=yRvJylbSg7o&feature=related

Pour vous mettre dans l'ambiance, voici une vidéo très drôle dégotée par Léo. Elle décrit les comportements typiques des New-Yorkais de Manhattan, leur "je t'aime-moi-non-plus" avec la ville. Ils rouspètent beaucoup, contre le métro qui n'arrive pas, les touristes qui prennent trop de place sur les trottoirs (un classique), méprisent secrètement Brooklyn et le Queens et ouvertement les lecteurs de tabloïd (NY Post), adorent croiser des célébrités dans la rue mais font semblant de s'en moquer, voudraient vivre ailleurs mais ne sont bien qu'ici, ne jurent que par la pizza et les bagels, disent "schmock", mot yiddish pour idiot.

vendredi 25 janvier 2013

Ça y est, j'ai ma carte d'identité!

11h05: nouvelle victoire sur la bureaucratie. Je viens d'obtenir, après cinq mois de refus, déceptions, énervement, ma "New York Picture ID", ma carte d'identité avec photo de l'Etat de New York.
Je la recevrai au courrier dans quelques jours. Mais j'ai déjà une carte temporaire. Je vais enfin pouvoir postuler pour une carte de crédit: j'avance dans la vie des Etats-Unis...

J'arrose ça avec un express au Herald Square café, situé au premier étage du grand magasin Macy's, d'ailleurs c'est un chouette endroit avec une vue sympa sur Herald Square, tenez-vous le pour dit.

Vos papiers? Attendez

Un 'must' de New York: la file d'attente. Les Newyorkais sont habitués à faire la queue pour tout: aller au resto, au concert, au match de basket, la réunion parents-profs,etc.
Et, incontournable absolu, la queue dans les administrations.

Je me trouve depuis 50 minutes dans celle du Department of Motor Vehicules, le bureau qui délivre, au nom de l'Etat de New York, les permis de conduire, les immatriculations, mais aussi les cartes d'identité avec photo. Ce que je veux obtenir.
40 personnes dans la file dès 9h.


Je suis arrivée dès 8h52, je viens de patienter, debout, qu'on me prenne en photo, sueurs froides: l'agent me demande une 3e preuve d'identité, je croyais pourtant que c'était réglé, je suis déjà venue trois fois pour ça...
Tout à coup, éclair de génie, je pense à mon pass pour les Nations unies que je viens juste de toucher et que j'ai sur moi. Et ça marche!
J'évite donc de passer par la case "supervisor" où il faut encore attendre une issue incertaine, et je vais directement à la case 'bancs en bois' avec le numéro B261.

Je ne sais pas si vous vous rendez compte, mais arriver à ce stade de la procédure est déjà une victoire. Pour fêter ça, je calcule mon temps d'attente: il y a vingt personnes devant moi pour le comptoir B, à la louche une heure. Si tout va bien, si je ne suis pas envoyée à un autre bureau pour une obscure raison ou renvoyée chez moi pour cause de papier manquant, je devrais sortir vers 11h15.

Alors, me direz-vous, pourquoi vouloir à tout prix une 'NY State Picture ID'?
Parce que c'est un sésame. LE papier accepté partout. Le top de l'intégration. Avec cette ID, je me fonds dans la masse, je ne suis plus l'immigrante qu'on repère à son passeport brandi comme seule preuve d'existence. Avec cette ID, j'espère pouvoir accéder au nirvana social: la carte de crédit.
J'ai postulé à quatre reprises depuis le mois d'août - dès que j'ai eu une adresse - pour ce bout de plastique si précieux qui sert à consommer (acte fondateur de l'Amérique) et à prouver que l'on sait consommer (compétence quasi constitutionnelle). A chaque fois, refus par un des trois organismes (pour tous les États-Unis, vous avez dit monopole?) qui tranchent. D'abord parce que je n'avais pas d'historique de crédit dans le pays (le serpent qui se mord la queue: j'essaie justement de me bâtir un historique de crédit en demandant une carte...) Ensuite parce que le nom figurant dans mon passeport et sur ma carte de Social Security (Thévenoux) ne correspond pas à celui de mon compte en banque (Cointre) ni à celui de mon papier d'arrivée aux Etats-Unis (Thévenoux-Cointre). Pour l'administration, ces noms sont ceux de trois personnes différentes.

La vérification d'identité est désormais, aux Etats-Unis un truc qu'il ne faut pas prendre à la légère. La moindre incohérence (à côté de moi, une Américaine bon teint racontait qu'on lui cherchait des poux dans la tête parce que l'initiale de son middle name, (le nom du milieu, très courant aux USA, ne figurait pas sur tous ses papiers) est sanctionnée et il faut tout recommencer.

Moi, perso, j'ai finalement modifié mon nom sur ma "Social", comme on dit, et j'établi désormais tous mes documents officiels à l'exact même nom.

Et tout ça avec le sourire. C'est mieux ici.

mercredi 23 janvier 2013

Le jour où la grippe frappa


Épidémie de grippe, on la dit sévère, je confirme.
C'est Antony qui a commencé la série, avec une "flu" comme on dit ici, pas piquée des hannetons.
Et hier, pas manqué: Félix resté à la maison, Noé courageusement parti au collège en est revenu à midi, Léo, ce soir, sent la fièvre monter.

L'après-midi s'est passé devant Tex Avery.
C'était pas plus mal: il faisait - 12 degrés ce matin. En bons Bretons, on n'a pas trop l'habitude de descendre si bas sur l'échelle de Celsius.

Comme on n'a pas de health insurance pour aller chez le docteur, on se soigne maison. Pour l'instant, c'est suffisant.
Heu, y'a que moi qui ai l'air de m'en sortir. Jusqu'à quand?

Investiture: ce qu'on n'a pas vu à la télé

Il y a des choses dans la foule, pendant la cérémonie, qu'on ne voit pas forcément à la télé. Par exemple, les réactions du public à l'arrivée des officiels et invités.

Une des deux tribunes où s'installaient invités et hommes/femmes politiques.

Huées, hourras.
Au jeu de l'applaudimètre, Paul Ryan, député du Wisconsin et ex-futur vice-président de Mitt Romney, adversaire malheureux d'Obama, n'a pas été plébiscité. Il a même été hué, ainsi que Newt Grinwich, député de Géorgie, autre Républicain. Rien de très étonnant.
L'ancien sénateur, démocrate toujours actif, Tom Dashle ainsi que John Kerry, sénateur du Massachussetts, successeur annoncé de Hillary Clinton comme Secretary of State (ministre des Affaires étrangères): bravos nourris. Les anciens présidents Jimmy Carter et Bill Clinton, ainsi que sa femme Hillary Clinton, ont reçu des ovations.
Succès aussi pour Eva Longoria, donatrice majeure de la campagne d'Obama. Mais ce n'était rien en comparaison avec l'enthousiasme déclenché par la furtive apparition du visage du rappeur Jay-Z attendant presque anonymement parmi les invités du Président que son épouse Beyoncé ne chante l'hymne national.


L'homme dans l'arbre. Pendant toute la cérémonie, je dis bien TOUTE, y compris pendant le discours de Barack Obama, un type a gueulé des slogans et des revendications incompréhensibles (pour moi). Il était grimpé dans un arbre, derrière à ma droite, la police a encerclé le tronc mais n'est pas intervenue avant la fin, je ne sais pas pourquoi.
Bon, c'était un protestataire, ses hurlements ont gêné tout le monde, mais c'est bien le but, après tout, quand on manifeste.
Lorsque je suis sortie de la section 12 Rouge où je crêchais pendant l'événement (on doit rester à sa place, sur sa petite chaise blanche, façon sardines en boîte, au moins on se tenait chaud), des cris ont attiré mon attention (j'avais le temps: on a mis plus d'une heure à évacuer la zone au pied du Capitole). L'homme se faisait arrêter devant la foule remontée contre lui.


J'avoue avoir ressenti un certain malaise. Les gens l'invectivaient. S'ils avaient pu le lyncher, je crois qu'ils l'auraient fait...

Hors Connection. Dès 10h, ma 3G a flanché. Là où je me trouvais, au milieu des spectateurs, pas de wifi non plus, ni d'électricité. A la fin de la cérémonie, mon téléphone portable, sur lequel j'essayais avec beaucoup de mal, de poster quelques infos était déchargé. J'aurais aimé en envoyer d'avantage, ainsi que des tweets (je n'en ai fait que trop peu). Quelques temps plus tard, c'était au tour de mon appareil photo. Faire du reportage en direct sans outils, c'est un peu compliqué. Je me suis donc résignée à vivre complètement le spectacle comme une spectatrice ordinaire. A ne pas faire d'interviews (qui font immanquablement louper ce qui se passe à qui les mène). A raconter à la première personne.

Play-back. Et pour corser le tout, Beyoncé a chanté l'hymne national en play-back! L'info est arrivée sur les sites Internet hier après-midi. Ah ben, merci!

Photos. Voilà ma récolte du week-end.



























mardi 22 janvier 2013

Des banquets et des bals

Ma voisine de bus n'arrête pas de bailler. Elle s'est couchée à 2h du mat, parce qu'elle s'est rendue à l'un des multiples bals donnés dans la capitale le soir de l'investiture. A partir de 18h, Washington = Beat Machine, parquet à valser.

Ma voisine est allée au bal du Black Caucus, le groupe des Africains-Américains membres du congrès. La coloc' d'Agnès à celui d'Atlanta d'où elle est originaire. Il fallait porter une robe du soir.
A chaque bal son parterre d'invités plus ou moins prestigieux et sa programmation de stars de la chanson ou du spectacle. Si l'accès à l'investiture est en principe gratuit (mais il faut s'y prendre super à l'avance sur Internet, et certaines places se sont revendues plusieurs milliers de dollars en 2009!), l'accès aux bals est payant.

Cette année, il n'y avait que deux bals officiels (au lieu de 40 en 2009), pour alléger le budget des festivités. Un seul étant ouvert au public: le bal de l'investiture. Officiellement, les billets ne dépassaient pas les 60$. Mais les petits malins qui les revendaient ont fait monter les prix, comme c'est le cas pour tous les grands événements ici (pour aller aux matches, de basket, foot, ou baseball, il faut payer plusieurs fois le prix établi par les organisateurs, la loi de l'offre et de la demande).

D'autres personnes achètent leur place à un banquet, qui sert aussi à récolter des fonds.
Le "luncheon" du président, lui, comprenait 200 invités, membres de la cour suprême, du Cabinet, et du congrès, démocrates et républicains. Ils ont mangé du homard cuit à la vapeur, du bison et de la tarte aux pommes avec de la glace.

La Bible de Martin Luther King

Mais au fait, c'était Martin Luther King Day, hier! Le jour férié que les Etats-Unis consacrent au pasteur pacifiste, militant contre la ségrégation raciale, modèle assumé du Président Obama.
A vrai dire, on l'aurait presque oublié tant le discours du premier président américain noir, prononcé en ce jour anniversaire -  tout un symbole - n'y faisait pas référence.

Enfin, je suis un tantinet sévère: Barack Obama a évoqué le combat pour l'égalité des Africains-Américains en citant "Selma". La lutte pour le vote des Noirs dans cette ville d'Alabama, en 1965, et les manifestations qui ont suivi passent pour le point d'orgue du mouvement pour les droits civils.

Il a aussi ajouté la Bible du révérend King à celle de Lincoln, autre figure tutélaire, pour prêter serment. Et il l'a signée.

Mais ramener la cause noire trop frontalement n'est pas politiquement correct dans un pays persuadé d'avoir réussi son intégration raciale, où d'ailleurs la question raciale serait depuis longtemps dépassée ("what binds this nation together is not the colors of our skin", extrait du discours de lundi).

Il est vrai que l'Amérique a vaincu ses préjugés ethniques, sans doute en moins de temps que l'Europe. Mais la version non officielle est plus complexe. En réalité, communautarisme et concentration de population d'une même origine créent beaucoup d'îlots sans diversité. Un collège sans Blancs est aussi surprenant dans cette société pluriethnique qu'une école sans Noirs. Pourtant, il y en a. Plein.

Mais oui, j'y étais!

A la demande de mes lecteurs - enfin d'un lecteur - et pour lever tout soupçon quant à ma présence au pied du Capitole lors de l'investiture de Barack...
Pour ceux qui ne croient que ce qu'ils voient et qui ne m'ont pas vue à la télé, voici une preuve par la photo:





Je n'ai pas le visage aussi allongé mais quand on se prend soi-même en photo, ça fait des drôles d'effets.

Washington-New York

J'ai essayé de partir en catastrophe, hier après le défilé. Tonio a une grippe carabinée, à New York, et je voulais rentrer prendre soin de lui.
Je rêvais (en quelque sorte).

Les bus Washington-New York ont été pris d'assaut d'un coup lundi, après l'inauguration présidentielle. Je croyais être la seule à attendre la dernière minute pour me décider, mais apparemment pas... D'ailleurs, dans ce pays, on est rarement la seule à faire quelque chose, il faut le savoir.

La queue pour le bus, ce matin 10h à Union Station, DC.

En deux heures, les billets de l'une des quatre/cinq companies de bus faisant la navette (4h30) entre les deux capitales de la côte Est, ont doublé de prix, 45 ou 50 au lieu de 25 $. Et tous les horaires (toutes les heures environ) ont affiché complet. Un vrai marché boursier!

Donc, je pars ce matin. Bus de 9h30, je suis dedans après une bonne marche de chez Agnès, qui m'hébergeait, jusqu'à Dupont Circle. Dans le froid: il fait -7 degrés ce matin (comme à New York). Dimanche après-midi, le thermomètre flirtait avec les 15 degrés... C'est à n'y rien comprendre. Je ne sais pas si c'est directement lié, mais je suis contente qu'Obama ait insisté hier sur la lutte contre le réchauffement climatique, tiens!

Dans le bus, bondé, bonnets marqués "Obama", gens énervés, anxieux de pouvoir quitter DC, certains commentent leur belle journée d'investiture. Ils n'ont rien vu, tout au fond du Mall avec des écrans de retransmission parfois défectueux. Ou se sont débrouillés pour se rapprocher.

La ville se vide du million de personnes venu ce week-end. Le bus est confortable, bien plus que ceux que j'empruntais il y a vingt ans, il y a même Internet.

Ma petite marche matinale a confirmé ce qui m'avait frappée à mon arrivée dimanche matin: Washington-New York, rien à voir. Larges avenues, bâtiments plus bas et administratifs, moins de stress dans l'air, ou alors mieux contenu, un certain quant-à-soi, des gens affables. La rudesse newyorkaise a cependant le mérite de la sincérité.
Hommes en costumes-cravates, on les croirait tous sortis de la série West Wing, et femmes en tailleurs de conseillères politiques (plus hautain que celui de business women en vogue dans le Financial District, à Manhattan).
Tout est plus civilisé. Plus propre. Les rues, les trottoirs, la gare, le métro.

Le métro, justement. C'est drôle, c'est un métro gentil. Ça sent bon, du moins pas mauvais. De larges plateformes, avec des bancs partout. Les messages diffusés dans les voitures font dans le compréhensible. Il y a le Wi-Fi, aussi. Mais c'est un métro tout petit (cinq lignes, vingt-cinq à New York). Et l'emprunter coûte aussi cher, voire plus aux heures de pointe.

Dans la rue, pas un Deli - ces commerces typiquement new-yorkais, épicerie autant que plats à emporter, café et sandwiches à attraper sur le chemin du métro. Pas un Deli, mais plein de fumeurs.

Sortir de NY, c'est comme une bulle d'oxygène. L'impression immédiate de se rendre à la campagne. Il faut qu'on arrive à le faire en famille.


lundi 21 janvier 2013

J'ai vu Barack Obama !

Et il est arrivé, vers midi. Il s'est présenté à la tribune, devant un million de personnes (record à une investiture, après les deux millions de 2009). La plupart des spectateurs attendaient depuis quatre, cinq heures ou plus.

Et je l'ai vu. Enfin, pas tout de suite, pas jusqu'à ce qu'il se tienne un peu en hauteur sur l'estrade pour prêter serment. Et "vu" est un grand mot. Sans mon téléobjectif, je serais passée à côté. Je l'ai "vu", donc, entre deux piliers de la grue pour les caméras. Seules dépassaient la tête et la main droite levée parce que je me trouvais en contrebas. Mais je l'ai vu. Séquence émotion.

Il est là sur ma photo, à gauche du pilier, dans le demi-cercle rouge.

J'ai tout de suite compris qu'il n'était pas là pour rigoler, Barack. Cheveux grisonnants, visage solennel, voix ferme. il a affirmé ce que beaucoup ici, les "liberals", "progressive" - Américains à gauche de la droite - s'impatientaient de l'entendre dire. L'action collective avant l'égoïsme, la liberté individuelle pour tous, pas que pour les chanceux: "Les patriotes de 1776 ne se sont pas battus pour remplacer la tyrannie d'un roi par les privilèges de quelques-uns." Et toc.

Assénant le motif "We, the People" (on dit qu'il a pris des leçons avec M. Hollande-"Moi président"), il a évoqué trois piliers d'une nation plus égalitaire: Medicaid, Medicare, Social sécurity.
Bon, moi, les deux premiers, je ne peux pas en bénéficier, je ne suis pas Américaine. Mais j'adhère total à l'esprit.  Réchauffement climatique, droits homosexuels, accueil des immigrés: il ira de l'avant, a-t-il promis.
Ma parole! Un vrai discours de socialiste (un peu centriste quand même)! Un engagement pris pour le social et la diversité. Sans temporiser ni pactiser. Du lourd.

D'un coup, les images télé que j'avais vues il y a quatre ans de sa précédente investiture me sont revenues, et le contraste m'a sauté au visage: envolé, le sourire de gamin; évaporée, la légèreté des débuts. Les mains gantés, cuir couleur vert de gris, de Michelle tenant la Bible, sa robe jaune qui avait fait le tour du monde avec le nom de son créateur.

Obama a sifflé la fin de la récré.

Dans ma section 12

Je suis dans la section 12, couleur rouge, au pied de la plateforme où 'il' va prêter serment, plateforme en bois construite exprès a l'ouest du capitole a chaque investiture, capable de supporter 1600 personnes, dont le President et sa famille.
Au-dessus, les congressmen, les anciens presidents, puis les chorales et les invités.
Suis assise au soleil. En prélude a la ceremonie officielle, qui ne commencera que dans une heure et demie une chorale d'enfants puis une d'adultes, de Brooklyn et du Kentucky, enchaînent des airs grandiloquents et melancoliques ('America, America', 'This land is your land', 'God bless America'...). Accents de gospel.
Je fais face a la tribune oú tout va se passer. Seul probleme: entre moi et la trubune se tient, avec une certaine insolence, la tour montee pour les cameras . Bon, je me pencherai...
C'est une des sections autorisées aux journalistes mais ce n'est pas une tribune de presse, donc rien pour travailler, pas de prise electriques, on n'a meme pas droit aux ordis portables (j'ecris de mon telephone portable).
C'est une section de citoyens americains ordinaires, qui ont acheté un billet, cher, pour etre au (presque) premier rang. On dirait une kermesse. Certains dorment, se tartinent un bagel de cream cheese, au dessus d'un sac plein de chips. On plaisante sur les prix des snacks vendus par les marchands ambulants aux entrees. On se sourit. On se photographie.
Derriere nous se deroule le tapis impressionnant, immense, de la foule sans billet, arrivee a l'aube pour les premiers.













Foule du matin au Capitole

On parle de 800 000 personnes. Il y en avait 2 millions il y a quatre ans, pour la première investiture du Président. Je suis dans cette foule qui s'avance, joyeuse malgré l'attente. Devant, le Capitole, encore caché par les batiments administratifs.
Dans trois heures, Obama la main sur la bible.
Dans le metro, ils n'ont pas ouvert les tourniquets. On passe un par un. Vu le monde qui se presse contre les barrieres, je trouve ça un peu damgereux.
Les gens se sont mis sur leur trente-et-un, manteaux de fourrure, bonnets et gants - beau temps froid - rient, commentent la couleur de leur pass, vert, bleu, rouge (le mien), gold, qui determinent ou ils pourront se rendre, plus ou moins pres de la tribune. Un type au telephone dit a un autre qu'il lui a laisse deux pass dans une boite aux lettres de New Jersey avenue. Etrange.



dimanche 20 janvier 2013

Dans Washington aux couleurs d'Obama

"J'avais bien demandé une couleur bleu mais elle n'a apparement que du jaune. Je ne sais pas où on pourra aller avec ça." Famille d'Africains-Américains au complet, arpentant les avenues de la capitale, ce matin.
Je suis un peu comme eux. Moi, j'ai une chance du tonnerre, j'ai accès au pied de la plateforme où Barack Obama va prêter serment en public, demain. Mais je ne sais pas trop à quoi d'autre cela me donne accès.
-... à rien d'autre, me répond clairement l'homme qui me reçoit dans un des bureaux sénatoriaux du capitole. Pour la cérémonie d'investiture, c'est le sénat qui invite. Mais pour tout le reste, dont les bals du soir, c'est le comité d'organisation. Et ça, je ne savais pas. Je ne lui ai pas demandé d'entrée.
Pas de bal, donc, pour moi, mais j'ai "accès à l'essentiel", comme dit mon interlocuteur.
Au passage, il me glisse une carte du capitole et du "Mall", immense rectangle menant jusqu'au mémorial de Lincoln, en direction du fleuve Potomac, vers l'Ouest. Toute la zone est quadrillée selon différentes couleurs. Impossible de tricher.

En attendant la grande journée de demain, les Américains, le coeur léger, profitent de ce dimanche magnifique, gorgé de soleil, pour se balader dans les lieux non encore fermés. La ville respire la fête. Les bâtiments pavoisent, la gare, le capitole, les avenues. Des drapeaux en long et en large.
En fond sonore, des airs répétés par les chorales, les choeurs, les chanteurs. Les marchands de sacs, tee-shirts, bibelots, à l'effigie du président, sont en place.

J'ai débarqué du bus de 6h en provenance de New York, départ dans le noir sur un trottoir new-yorkais, arrivée 10h30 pétante à Union Station, gare pimpante. Dans le car, tout le monde venait voir Obama. A côté de moi, un Français, photographe. On a taillé une bavette.