dimanche 14 avril 2013

La photo de Picasso

Elle est accrochée sur un mur de chez Gianna, restaurant italien du Queens (33, Vernon Boulevard, station du même nom sur la ligne L). A côté, le mime Marceau se cachant parmi des fûts, les sourcils de Calder, Enzo Ferrari, Jean Dubuffet.
Sur le mur opposé, un immense tirage de la peintre Georgia O'Keeffe, chignon serré et jupon de pionnière, devant une de ses toiles orange.


Picasso regarde droit dans l'œil de l'appareil photo, l'air grave, un rien inquiet. C'est une des rares fois où il ne se met pas en scène, où il ne cabotine. "Je ne voulais pas qu'il pose, alors j'ai fait semblant d'avoir un problème avec mon Leica, comme s'il ne marchait plus." Pablo Picasso est redevenu normal, la photo a été prise. 
Le photographe malin s'appelle Tony Vaccaro, il a 90 ans, c'est un des plus grands de sa génération. 

Ses premières images, il les a prises en tant que GI venu libérer la France. Parmi lesquelles le touchant "Baiser de la Libération".

Chez Gianna, officiellement connu sous le nom de Manducatis Rustica Ristorante, est son repaire dans le quartier de Long Island City, Queens. Cet Italo-Américain, p'tit gars de New Rochelle, dans le New Jersey, y vit depuis des décennies.

Tony Vaccaro en train de dédicacer une de ses photos pour Jef Pahun.



Elles sont accrochées là, ces images, au milieu des tables et des serveurs affairés. Elles mériteraient de figurer aux cimaises d'un grand musée, nicher dans les trésors d'un collectionneur, mais non, elles s'offrent aux dîneurs, en toute simplicité.

La rencontre avec Tony Vaccaro, autour d'un lunch de pasta, vendredi, fut un moment de pur bonheur. 
Il porte son Leica autour du cou, celui qui a photographié Picasso. Juste avant, un type du New York Times est venu le rencontrer pour raconter l'histoire de Tony, Picasso et le Leica. C'était en lien avec une autre histoire, qui a fait l'actualité il y a quelques mois: la vente, pour plus de deux millions de dollars d'un appareil ayant servi à immortaliser la vie du grand peintre. 
Selon Tony, le propriétaire aurait finalement refusé de vendre, l'info date de quelques jours. "Moi non plus je ne vendrai pas mon Leica pour rien au monde", ajoute-t-il dans un sourire immense. Il insiste en même temps pour me faire goûter le Napolitain maison, au demeurant très bon.

Cette rencontre s'est doublée d'une autre, tout aussi chouette, celle de Mimi et Jef Pahun, réalisateurs. C'est grâce à ces deux aventuriers de Rennes, proches de Tony, que j'ai fait la connaissance de Mr. Vaccaro. 
Mimi et Jef sont venus quatre jours à New York le filmer pour un doc-portrait du Grand Monsieur, en lien avec le Mémorial de Caen. Ils ont réussi à le faire discuter avec un grapheur caennais, installé à Dumbo, Brooklyn, depuis environ quinze ans:  WK Interact.





Comment dirait l'autre, déjà? Improbable, c'est ça.
Mais ça a pourtant eu lieu. Et ils l'ont filmé!

Avec Jef et Mimi, on s'est trouvé des connexions immédiates, le journal Ouest-France, Rennes et toute une bande de personnes qu'on a en commun à Locmiquélic (Morbihan), Séb/Tablantec, Olivier, Pierrot, Gaëlle... Dingue!

Les photos de Tony Vaccaro figurent dans le "Look Book" (du magazine "Look") et le "Life Book" (du magazine "Life").

J'aimerais tant qu'elles appartiennent à de plus officielles collections...

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