mardi 11 décembre 2012

Coup de foudre au musée

J'ai rencontré un homme extraordinaire, aujourd'hui. Un artisan. De ceux qui cent fois sur le métier remettent leur ouvrage.

Je ne me doutais pas qu'il me ferait cet effet. Dès la photo en noir et blanc où il pose en bleu de travail couvant du regard femme et enfant, je l'ai trouvé attirant.

La suite n'a fait que renforcer ma première impression: Henri Matisse (1869-1954) était un battant. Un chercheur. Un torturé du pinceau. Faisant et refaisant. Retouchant, comparant.

C'est le point de vue défendu, et magistralement, par Rebecca Rabinow, conservateur au Metropolitan Museum (Met), organisatrice de l'expo: Matisse, In Search of True Painting (l'expo, presque la même en tout cas, a été montrée au centre Pompidou au printemps dernier).

Ainsi, Matisse, père des peintres du Modern Art, notamment aux Etats-Unis où son influence a été grande, était cet artiste modeste prêt à toujours remettre en question sa création. L'expo montre ce que je ne savais pas: qu'il travaillait par "paires" de tableaux. Ou par séries, quoique le terme s'applique davantage à l'obsessionnelle répétition de la cathédrale de Rouen par Claude Monet. Matisse, lui, donnait dans la réinterprétation permanente.

Lui aussi s'est entiché d'une cathédale, Notre-Dame de Paris. Comme un motif familier : du studio qu'il louait quai Saint-Michel, il avait sous les yeux le bel édifice. Alors, il le peignait, réflexe d'artiste.





Les 49 tableaux qui composent l'expo ne sont d'habitude jamais montrés côte à côte. Là, c'est une chance: les toiles viennent de Paris, bien sûr, mais aussi de Houston, Philadelphia, Floride... Et on passerait des heures à traquer les différences, les ressemblances, l'évolution entre les toiles.

Le luxe 1 et Le luxe II avec, tout au fond, l'esquisse originelle.
Comme pour mieux montrer l'importance que Matisse donnait au travail en cours, sont présentés des photos de ce "work in progress", réalisé entre le 26 février et le 3 avril 1937. Il s'était mis, à partir de la Large blue dress, à peindre par dessus la peinture initiale (alors qu'avant, il refaisait un tableau, reprenait une toile à chaque nouvelle version), comme s'il acceptait de "perdre" quelque chose, en tout cas sa première version.
Lorsqu'il expose à la galerie Maeght, à l'hiver 1945, il demande que soient aussi accrochées les photos des différentes étapes du tableau. Au Met, on trouve trois de ces progressions (ci-dessous, "La France").



J'aime cette façon de documenter, répertorier, garder (l'esquisse, le premier tableau...), qu'avait Matisse. 
Mon amie Jana a eu l'idée de cette visite au musée. C'était une très bonne idée.

3 commentaires:

  1. Je ne pensais pas que Matisse était mon contemporain .

    Je l'aime aussi beaucoup . J'espère que l' expo sera tj là en février .

    Maryse.

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  2. Mais, tu sais qu'elle arrive de Pompidou, cette expo? Tu as vu les poissons rouges? Matisse, c'est la joie, c'est vrai...

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    1. oui, oui, je sais. j'l'ai dit dans l'post. Et les poissons rouges, je suis d'accord, j'adore. Surtout "en vrai".

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