vendredi 28 décembre 2012

330 $ et six mois pour un bout de papier

Des fois, les bras m'en tombent.
Je vous ai épargné la plupart de nos pérégrinations administratives dans cette grande belle ville complexe. La plupart vont de soi, relèvent d'un quotidien sinon banal du moins normal. Mais certaines, vraiment...
Je vous raconterai un jour, si vous êtes sages et quand j'en connaîtrai la fin, l'épopée de la carte de crédit. Mais aujourd'hui je ne résiste pas à la tentation de partager celle du I-94 (et en plus ça me fera du bien).
Le I-94 n'est pas un numéro d'immatriculation mais le nom d'un bout de papier blanc, d'environ 4 cm sur 4 (1,57 inches sur 1,57 inches), que l'on remet aux détenteurs de visa lorsqu'ils entrent aux Etats-Unis. Il donne leur date d'arrivée. Il faut qu'ils le rendent en ressortant du pays.

La procédure telle que décrite sur le site Internet de l'ambassade des USA à Paris, veut que l'agent de douanes agraphe le-dit I-94 au passeport de l'entrant.

Nous, l'agent, y devait pas savoir. Et comme on avait les yeux à peine ouverts vu qu'il était déjà 6h du mat heure française quand on a atterri, on a pas fait gaffe. Y'a pas eu d'agrafage et on a perdu deux I-94 sur cinq. Ceux d'Antony et de Noé.

Jusque-là, no panic. Qu'à cela ne tienne, on le signale et pis c'est tout. Notre date d'arrivée ne figure-t-elle pas déjà sur notre passeport?

Mais on avait tout faux. Le I-94, quand on le perd ou qu'on se le fait voler, ou qu'on le brûle par mégarde ou je sais pas moi, qu'on en fait des avions en papier, c'est super grave et surtout, c'est super notre faute, notre grande faute, séquence culpabilité max: pour le remplacer, les services de l'immigration font raquer 330 dollars par personne, j'ai bien dit 330, soit, dans notre humble cas, trois fois le prix du visa (oui, c'est payant un visa, faut pas pousser quand même).
Et sortir du pays sans lui, c'est prendre le risque de ne plus pouvoir rentrer. Le boulet, quoi.

Donc, comme on a fauté, on casque, 660 dol, et ensuite on attend.
Nous, confiants, guettons la boîte aux lettres à partir de mi-décembre puisqu'on a envoyé la demande autour du 10 (oui, je sais, c'est tard, mais on avait d'autres priorités dans le budget). Et que nos chèques ont été virés.

Et puis hier, j'appelle, juste pour corriger une minuscule erreur dans l'adresse.
Alors pour qui n'a jamais appelé l'Immigration, c'est une expérience. Pour commencer, le gars est obligé de réciter tout un tas de textes réglementaires qu'il débite au pas de charge. No comprendo, mais toute façon, c'est pas fait pour.
Ensuite, sur le même ton rogue vaguement policier, il me demande pourquoi j'appelle. Bon, j'épèle vingt fois mon nom de famille, lui s'exaspère parce que je lui fais répéter presque tout ce qu'il dit (no comprendo ce gars, je vous ai dit), il prend note de la modif.

Et puis, juste avant de raccrocher, j'ose une dernière question:
-combien de temps va prendre le remplacement de nos I-94, sioux plait, myosotis dans les phrases, et tout et tout?
-"Je suis en train de traiter les demandes de juillet."
(Un blanc.)
-"Vous voulez dire que nous ne recevrons pas les papiers avant 6 mois?"
C'était ce qu'il voulait dire.

Et là, je maudis cette administration débordée, paranoïaque et ubuesque.
Payer 660 dollars pour rester coincés dans le pays pendant 6 mois, c'est fort non?

1 commentaire:

  1. Si tu veux bouger des States j'ai bien une solution pour toi : laisser Toto et Noé à NY pour garder Minette. See you on Skype. Charlie de Drancy

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