mercredi 5 juin 2013

Tous les voyages de Le Corbusier


J'ai découvert un autre Le Corbusier, aujourd'hui, au Moma (musée d'art moderne). 
Je savais cet architecte, né en Suisse et devenu Français, de nature modeste, assez discret. C'est confirmé par l'expo qui va s'ouvrir le 15 juin (jusqu'au 23 septembre), une énorme expo, la plus grande jamais réalisée à New York sur lui. 
Petit, provincial, c'est ainsi qu'il a commencé, dans le Jura, ville moyenne de La Chaux-de-Fonds, paradis de la montre suisse où ses parents l'envoient faire l'école de dessin du coin dans l'espoir qu'il décore les toquantes. 
Gouaches délicates, paysages de ses montagnes natales... MAIS...

 





... MAIS le jeune Charles-Édouard Jeanneret (son vrai nom) devient très vite ce qu'il fut toute sa vie: un voyageur. Un routard de la baraque. Un avaleur de kilomètres. Un bouffeur de paysages.

Et ça, je n'avais pas compris à quel point.




Il conçoit sa première maison à 20 ans, puis file sur les chemins d'Europe. Italie, Vienne, étude des villes allemandes, Postdam, Munich, Berlin, puis Athènes et l'Acropole qui se retrouvera dans plein de ses travaux sous la forme d'un cube blanc.
Il découvre le béton à Paris, le béton, son matériau fétiche, prend son pseudo, donne dans le cubisme (honnêtement, pas ma partie préférée de l'expo...). Paris où il s'établit, va dans les musées, dessine les bâtiments et les environs. Paris où il conçoit des "villas appartements" et des demeures pour riches: la Villa Church, à Ville d'Avray, est la première maison meublée par Charlotte Perriand, lui-même et de son cousin Pierre Jeanneret. Un paysage intérieur.

Pour lui, les maisons sont "des machines a vivre" mais aussi des lieux à partir desquels regarder dehors, des "chambres claires".

A la fin des années 20, il prend un envol plus magistral, s'imprègne des paysages, se fond dans les horizons. Immensité de Moscou, Genève, Rio, le Chili, Barcelone. Il prend les pierres des terrains à construire pour en faire ses maisons. Abandonne ses toits plats pour des toits en carrelage dont les angles rappellent les montagnes au loin.


Ses projets urbains sont boudés en Algérie, le bâtiment des Nations Unies de New York lui passe sous le nez, mais il a sa revanche, après la guerre. Il bâtit toute une ville, la nouvelle capitale du Punjab, en Inde : Chandigarh. Pour cette tentaculaire création, il utilise ses observations de l'ancienne Rome.

Maquettes de bâtiments public pour Chandigarh.
Jean-Louis Cohen, le conservateur associé de l'expo, estime que Le Corbusier est "le premier architecte global. Il voyage partout, observe les villes et les problèmes qu'elles posent, il est capable de travailler avec plusieurs matériaux, des aquarelles, des esquisses, des photos, des maquettes. Il est un des premiers à associer dans une même expression les termes "urban" et "landscape", le paysage urbain".

La villa de Mandrot, au Pradet. 







De retour en France, il retourne sur les bords de la Méditerrannée, qu'il chérit.

Là, spéciale dédicace, deux choses que j'adore: 

1.- l'expo montre son "unité d'habitation" à Marseille, la "cité radieuse", qu'il conçoit à cette époque. Il y a plusieurs années, j'ai dormi avec ma famille dans l'hôtel que comprend l'immeuble, il y avait une chaise longue Le Corbusier authentique, en cuir, et l'hôtesse avait fait la grimace en voyant mes trois gamins sauteurs. Les gamins en question étaient d'ailleurs allés se baigner sur le toit, dans la petite piscine montrée en photo dans l'expo:

La piscine sur le toit, un des tirages panoramiques du photographe Richard Pare qui ponctuent l'expo.
Intérieur de son "unité d'habitation" marseillaise.

2.- à la fin de sa vie, Le Corbusier s'est retiré dans un cabanon sur la côte de Monte-Carlo, un cabanon à la marseillaise, avec une seule petite pièce en bois mais tout ce qu'il faut dedans. L'expo a reconstitué l'intérieur avec les meubles d'origine (c'est un des quatre intérieurs reconstitués par le musée). Et ça donne vraiment trop envie d'aller se dorer la pilule au milieu des cigales!


Son cabanon sur la mer.

3 commentaires:

  1. bonjour claire!
    c'est junior (sista de Littleblackant!)
    c'est un régal de lire tes articles et une chance d'avoir une envoyée spéciale à NY.
    Patricia

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    1. Trop merci Junior.
      Et qu'est-ce que c'est bien d'être une envoyée spéciale, envoyée que par ma pomme, ici!
      bises

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  2. sais - tu qu'il existe aussi une cité Le Corbusier dans la Loire ,à Firminy . C' est une très grande cité avec une école maternelle extraordinaire ,sur les toits .
    Ton article très intéressant m' a fait découvrir un peu plus Le Corbusier . Merci
    bisous .

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